Du 16 au 20 décembre 2024 ! stage conventionné AFDAS,toutes les infos sur le site des Arts du récit en Isère dès septembre 2024.
Il s’agit d’un entrainement pour professionnel.le.s de la scène, un entrainement pour pister son attention au monde.
Raconter c’est l’occasion de se renouveler soi même, d'observer, de se décaler, d'oser la parole singulière, tout ceci pour l'aventure : celle de quitter les ornières en public, avec le public.
Les histoires mémorables sont énergies nouvelles, c'est du cinéma mais pas de machines : nos outils fonctionnent avec le magique, le naturel. Tous les langages du corps sont réveillés, nos sens sont actifs et ils sont notre équipement, enfin se donner toute entière, tout entier, enfin faire danser, circuler. C'est parti, il nous faut s’approcher tout au bord, s’avancer sur la brèche, pour toucher à une harmonie inconnue avec l’autre et le monde, pas question de se sentir important.e et pourtant on va tout au fond, tout proche de soi-même.
L'entrainement manifeste la réalité de notre actualité : corps, organicité, voix, mouvement, silence.... Ainsi notre expression conjugue l'ardeur et la défaite, nous ne sommes pas là pour gagner, nous sommes là pour être libre. Geste vocal, parole, musicalité, vibration se mettent au monde dans le mouvement de l’énonciation, de l’exploration sonore, dans une logique de cohésion d’énergie. Voix, expiration, rythme, souffle, nous entrainent au delà de ce que nous savons : au cœur de nous-même. Ma proposition est de faire cohabiter tranquillité et désir, plaisir et gravité, sauvagerie et respect, intensité poétique et spéculation, selon vos tempéraments ou votre humeur du moment.
Et puis c'est une routine oubliée, être en scène comme on part en chasse : pour que l’attention soit portée par le corps tout entier, pour se relier à tout ce qui nous entoure, pour que nos énergies ne s’affaissent pas, faire, défaire, glisser au travers. Aller à l’essentiel : la rencontre, la précision, l’humeur. Aller au coeur : donner à voir son univers, sans excuse.
Petit à petit, faire ronfler le moteur, le noyau souterrain de l' histoire. Une tension faite d’attention va remplacer la mémoire rationnelle par la mémoire du corps.
Voilà, il faudra se débarrasser de tout ce qui nous empêche de rencontrer l’histoire : l’obsession de la virtuosité, la notion de début et de fin, l'écriture raide comme un calvaire. Celui ou celle qui raconte se branche ainsi sur son intuition et sans-délai : l’imprévu. Élargir, resserrer, creuser, se laisser dire, se laisser regarder. Dépasser les peurs, se tremper, se mouiller jusqu’aux os, changer de peau, toucher à la jubilation du danger en cours et à la liberté de ne rien posséder.
M.P.